Tempêtes émotionnelles

Tempêtes émotionnelles ... cette expression est presque trop poétique pour résumer la violence des crises auxquelles nous sommes parfois confrontés avec notre fille.

Les premières crises nous ont totalement surpris et désarmés : impossible de calmer notre fille avec les méthodes dites traditionnelles. Menaces, chantage, carotte, discussion, conditionnement, relaxation ... rien ne fonctionnait.

Je me suis donc documentée sur le sujet pour essayer de comprendre les causes de ces tempêtes qui se produisaient le plus souvent à l'heure du coucher et le plus souvent avec moi, sa maman. Forcément, quand tout se passe mieux quand maman n'est pas là, on se remet en question ...

J'ai finalement trouvé une conférence sur ce sujet animé par Jean-François Laurent. Lui-même haut potentiel et médiateur scolaire, sa conférence se proposait d'expliquer comment gérer les tempêtes émotionnelles.



La première chose que j'ai retenu de cette conférence est qu'il n'y a pas de parent parfait ! Cela paraît être un lieu commun, et pourtant je crois que j'avais besoin de l'entendre d'une façon totalement assumée. Ce n'est pas facile d'être parent, et encore moins parent d'enfant dys : on fait le mieux possible avec notre humeur et notre disponibilité du moment. Et même si parfois on n'agit pas au mieux, il n'est jamais trop tard pour réparer.

Ensuite, Jean-François Laurent a répondu à ma question : pourquoi toujours avec moi ? Il faut en fait s'en sentir flattée. Quand les émotions deviennent incontrôlables, l'enfant se permet de craquer de préférence avec une personne qui l'aime d'un amour inconditionnel. Avec cette personne, il sait qu'il ne sera pas jugé et qu'il est aimé tel qu'il est ... même en état de crise. 

Concernant les moyens de gérer la tempête émotionnelle, tout ne m'a pas paru applicable dans le quotidien, notamment vis-à-vis de la fratrie. Cependant, le point à retenir est le suivant : il n'est pas possible chimiquement et physiologiquement parlant de raisonner un enfant en crise émotionnelle. Quand l'enfant est débordé par ses émotions, il n'est pas possible pour lui d'entendre ce qu'on lui dit et de faire preuve de logique. La priorité à ce moment là est donc de le calmer : pour ma fille, le seul moyen est de la rassurer et de lui faire un câlin. Et c'est la tout le paradoxe et la difficulté : quand votre enfant s'est transformé en son jumeau maléfique, qu'il hurle/casse/tape/ment/vous dit des choses horribles, il faut réussir à prendre sur soi, à prendre du recul par rapport à sa propre colère et à le prendre dans ses bras. Le temps de la discussion viendra après ... mais il faut respecter le timing.

Une fois calmé, vient le temps du débrief : nommer les émotions, légitimer les émotions : "oui tu as le droit d'être en colère, je comprends", et essayer d'en comprendre la cause. Une fois verbalisé, l'enfant va se sentir déjà mieux. Ensuite, il faut expliquer et lui proposer des moyens de gérer ses émotions autrement : "dessiner, faire du sport, taper dans un coussin ...". Pour que la prochaine fois, il apprenne à mieux gérer ses émotions. Et enfin toujours rassurer et relativiser car l'enfant a tendance a culpabiliser énormément en prenant conscience de la façon dont il s'est comporté : "ce n'est pas grave, tout le monde fait des bêtises, tu sauras comment gérer ça la prochaine fois, je t'aime".

Enfin, il faut passer outre l'opinion des gens : de loin, cela ressemblera à un caprice qui a marché, à des parents qui ont cédé. Mais non, ce sont juste des parents qui ont fait preuve de bienveillance avec leur enfant, qui ont ressenti sa souffrance et qui se sont adaptés à son mode de fonctionnement.

J'ai également beaucoup apprécié l'idée de "réparation" au lieu de "punition". Après la tempête émotionnelle et après le débrief, il faut expliquer à l'enfant que son comportement a eu des conséquences et qu'il faut réparer. Le mieux est de demander à l'enfant ses idées de réparation, souvent ils sont très imaginatifs : un dessin, un poème, un gâteau, une excuse ... La différence avec la punition est que cela valorise l'enfant et l'amène à davantage s'investir dans l'après-crise. Même si je ne l'applique pas tout le temps, je trouve que c'est une bonne alternative aux punitions auxquelles ils finissent par s'habituer et à ne plus craindre car ils les subissent : lors de la punition ils sont passifs, alors qu'ils sont acteurs lors de la réparation.

J'encourage vivement les parents à assister à ce genre de conférence, quel qu'en soit le sujet. C'est un véritable soutien que de voir qu'on n'est pas seul à partager les mêmes problématiques et cela donne des idées à appliquer au quotidien.

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